Des deux villages du nord de Rangiroa, Tiputa est celui qui a conservé un véritable charme polynésien. Ne manquez pas sa visite !
Pour l’atteindre, rien de plus simple : embarquez sur une navette pour traverser la passe qui le borde. En cinq minutes, vous y êtes et dans ses petites ruelles baignées de soleil, vous pourrez vivre ce Rangiroa d’antan. Ce lieu calme et authentique a une belle histoire que nous a racontée Alain Trapp qui y fut enseignant de 1971 à 1980 et de 1985 à 1988.
C’est au début des années 1960, au moment de l’ouverture de l’aéroport de Rangiroa, que Tiputa a commencé à perdre de son « aura » et de son importance au profit de l’autre village, celui d’Avatoru, situé sur le même motu que la piste où atterrissaient désormais les touristes et par où arrivait de plus en plus de fret aérien. Les hôtels se construisirent désormais plus volontiers du côté d’Avatoru : plus besoin de traverser la passe de Tiputa en bateau pour amener les visiteurs à leur hébergement ! Le développement touristique qui s’est poursuivi a consacré le village d’Avatoru comme principal centre économique et social de l’atoll et Tiputa est resté le visage du Rangiroa d’antan, calme et authentique comme jadis.
« On y trouvait de tout ! », se souvient Alain. « J’y ai même acheté une mobylette ! ». Avec un de ses bateaux, le gérant du magasin, un vieux Chinois, faisait la navette Tahiti/Rangiroa pour approvisionner son échoppe. Quant à l’argent en espèces, il n’y en avait pas : les fonctionnaires alors présents à Tiputa réglaient leur note en fin de mois par chèque postal. Aujourd’hui, le village est équipé de distributeurs de billets et des banques se sont installées. « Entre les deux villages, il y avait peu d’échanges, tout était vraiment centralisé sur Tiputa », poursuit Alain.
« On était bien, les gens étaient gentils, la vie était simple et belle. Beaucoup de choses se faisaient naturellement. Un service qu’on se rendait était remercié par un sourire, un collier de fleurs ou du poisson ! ».
La vie du village était rythmée par quelques touristes qui venaient séjourner dans une annexe du Club Med ou dans la petite pension de Mama Tepoe. Tiputa accueillait aussi des goélettes avec à leur bord des passagers et surtout, des marchandises. « Tout le monde avait son bateau et seul le Chinois avait une voiture, une Land Rover qu’on utilisait d’ailleurs pour le transport funéraire quand il le fallait », raconte Alain. En motorisé, des deux roues, uniquement ! Quant aux routes, elles étaient de sable et de corail et les murets étaient enduits de chaux et peints en blanc. « On allait plonger presque tous les jours pour ramener du poisson. Quand on revenait bredouille, on se retrouvait tous le soir, sur le quai, pour pêcher au nylon ». Quant au repas de luxe du dimanche : c’était le poulet petits pois !
« Le dimanche, on jouait au basket avec les jeunes, il n’y avait pas de télévision, ni d’écran à l’époque. »